Côté pratique, Camille récolte elle-même certaines de ses argiles qu’elle emploie soit directement après séchage/tamisage/ré-humidification ou bien ensuite en les associant à d’autres argiles.
La récolte peut également faire partie de ses recettes d’émaux ou d’engobes tout comme beaucoup d’autres minéraux glanés ici ou là. En forêt, dans une décharge, sur un chantier, un terrain abandonné, un affleurement, un coin de jardin… L’œil scrute les potentielles pépites !
Ces matières sauvages demandent une attention particulière avant d’être travaillées et surtout de subir l’épreuve du feu. Elles nécessitent de nombreux essais au préalable tant pour la protection du four lors de leur utilisation sur des pièces que par curiosité d’un futur rendu possible. Bien que chacune soit testée séparément selon 3 ou 4 voix différentes lors d’une cuisson, Camille aime que ces matières soient associées entre elles, dans des émaux ou engobes qu’elle a réalisé.es, pour donner un résultat unique et chargé des multiples histoires liées à leur vécu.
Récupérer des matières naturelles fait partie de sa vie et n’est pas attaché à des sorties spécifiques pour sa pratique céramique. Elle a toujours avec elle, quand elle ne les oublie pas, des sacs, seaux, pelles pour piocher quelques éléments.
Tenter de créer le moins de déchets possibles : C’est une vraie problématique et question qui la taraude tous les jours dans son activité. En pensant à ces « rebus » que nous créons et réalisons, elle réemploie tous les fonds de seaux d’émail, d’engobe, de bassines de nettoyage pour remettre ces matières sur ses pièces. Ce sont des « jajas » provenant de ses recherches, de son travail quotidien, du nettoyage de ses outils, qu’elle assemble pour créer un nouveau jus, dont la recette lui est inconnue et qui parfois lui donne des merveilles ! La terre est bien sur recyclée également. Camille tente de limiter ses cuissons quand cela est possible.
Ces processus sont inscrits dans son travail même s’ils ne sont pas toujours visibles. Pour elle la présence d’une pièce côtoyant définitivement notre environnement, ne révèle pas que sa réalisation concrète ni ce qu’elle tente de dire. Elle est chargée de tellement d’histoires, véhiculées par les êtres humains ou non qui ont rencontrés à un moment ou un autre ses composants, les ont mis en lévitation, les ont assemblés, transformés, déplacés, fusionnés, décomposés, érodés… puis amenés à elle pour qu’ensuite ils aillent continuer leur vie ailleurs.
On a practical level, Camille personally collects some of her clays, which she uses either directly after drying/sieving/re-humidifying or by combining them with other clays. The harvest can also be part of her glaze or slip recipes, just like many other minerals gleaned here and there. In the forest, in a landfill, on a construction site, abandoned land, an outcrop, a corner of the garden… The eye scans for potential treasures! These wild materials require particular attention before being worked and especially before undergoing the ordeal of fire. They necessitate numerous preliminary tests, both for the protection of the kiln during their use on pieces and out of curiosity for a possible future result. Although each is tested separately according to 3 or 4 different applications during firing, Camille likes these materials to be combined with each other, in glazes or slips that she has made, to give a unique result charged with the multiple stories linked to their past.
Recovering natural materials is part of her life and is not tied to specific outings for her ceramic practice. She always has with me, when she does not forget them, bags, buckets, and shovels to dig up a few elements.
Trying to create as little waste as possible:
This is a real problem and question that preoccupies her every day in her work. Thinking about these « scraps » that we create and produce, she reuses all the leftover glaze, slip, and cleaning water from her buckets to put these materials back onto her pieces. These are « jajas » (a playful term she uses) coming from her research, her daily work, the cleaning of her tools, which she assembles to create a new blend, whose recipe is unknown to her and which sometimes gives her wonders! The clay is of course also recycled. Camille tries to limit her firings when possible.
These processes are ingrained in her work even if they are not always visible. For Camille, the presence of a piece permanently alongside our environment reveals not only its concrete creation nor what it attempts to say. It is charged with so many stories, conveyed by human or non-human beings who encountered its components at one time or another, levitated them, assembled them, transformed them, moved them, fused them, decomposed them, eroded them… and then brought them to her so that they could then go on to continue their lives elsewhere.